Carie de la dentine et du cément
INTRODUCTION :
La carie dentaire est une maladie infectieuse de la dent, qui se manifeste par une lésion de l’émail, du cément ou de la dentine, voire de la pulpe.
Le processus carieux est perçu comme étant le résultat d’un déséquilibre prolongé dans la cavité buccale, qui ferait que les facteurs favorisant la déminéralisation de l’émail et de la dentine l’emporterait sur ceux qui facilitent la reminéralisation et la réparation de ce tissus.
- La carie de la dentine :
Lorsque les bactéries et leurs sous-produits atteignent la jonction amélo-dentinaire (JAD), la déminéralisation de la dentine s’accélère et un espace se crée entre l’émail et la dentine du fait de la destruction superficielle du manteau dentinaire.
Progressivement, l’envahissement bactérien de la dentine se traduit par une multiplication des bactéries, une hausse du nombre des tubuli envahis, une augmentation du diamètre des canalicules puis une destruction de la dentine péritubulaire et, en dernier, la dissolution de la dentine intercanaliculaire.
1-1- Caries dentinaires aux stades précavitaires :
- Sous l’émail déminéralisé non effondré, la déminéralisation débute dans la zone dentinaire hyperminéralisée en regard des prismes d’émail les plus profondément touchés de la partie centrale de la lésion amélaire (et non dans la dentine saine). Puis elle progresse vers la profondeur, dans le segment canaliculaire concerné.
- Caries débutantes : Tant que la lésion n’a pas atteint le tiers interne de l’émail, les altérations dentinaires sont essentiellement intracanaliculaires.
Au stade précavitaire, les altérations dentinaires sont essentiellement des manifestations de déminéralisation circonscrites à une zone limitée correspondant à la zone amélaire déminéralisée, l’infection bactérienne y est absente ou limitée superficiellement.
- Caries fermées avancées ou « caries cachées » Le phénomène des caries cachées s’explique en général par le fait que la déminéralisation progresserait lentement au niveau de l’émail retardant d’autant la cavitation, du fait de l’environnement fluoré. La déminéralisation dentinaire serait déclenchée à partir de micropertuis (non diagnostiqués) exposant la JAD et progressant plus rapidement que la déminéralisation de l’émail.
1-2- Caries dentinaires aux stades cavitaires :
- Lorsque l’émail de surface n’est plus soutenu par la dentine saine, à partir d’un certain degré de fragilisation, il finit par se rompre. Une cavité amélaire, qui finalement exposera la dentine, s’ouvre, permettant l’invasion bactérienne de celle-ci.
- La carie acquiert alors une forme quasi pathognomonique décrite comme un cône carieux dentinaire dont la base se situe près de la JAD et qui se subdivise en trois zones : la dentine opaque, la dentine transparente et la dentine apparemment normale.
1-3- Histopathologie de la carie dentinaire :
- Grace au microscope électronique nous avons pu déceler sur une dentine cariée, plusieurs couches de dentines correspondant aux différents stades de décalcification et de ramollissement et d’infiltration. Ainsi on distingues 5 zones à cette lésion dentinaire, de la surface vers la profondeur:
- Zone 1 : une couche de dentine nécrotique: elle se trouve juste en dessous des débris alimentaires en décomposition. cette dentine porte le nom de dentine ramollie
- Zone 2: sous cette couche se trouve une couche de dentine moins décalcifiée; mais contenant déjà quelque micro-organisme. C’est la couche de dentine infiltrée
- Zone 3: puis vient la couche de dentine opaque: très peu décalcifiée. Seuls quelques tubulis dentinaires contiennent des micro-organismes en très petits nombre
- Zone 4: la couche de dentine saine: dentine transparente péri-tubulaire scléreuse.
- Zone 5: en dernier nous avons la zone de réaction vitale. C’est la dentine tertiaire, réactionnelle, amorphe.

2- Carie du cément:
- Outre le vieillissement physiologique, les irradiations, la drogue, la prise de médicaments anxiolytiques ou les antidépresseurs agissent sur la salive.
- Ainsi, ces modifications qualitatives et quantitatives de la salive, additionnées à une hygiène buccodentaire insuffisante, créent une situation hautement cariogène.
Westbrook et al. ont proposé en 1974 une classification histologique des lésions radiculaires en 4 catégories en fonction de la profondeur de pénétration et du degré de destruction de la matrice par les microorganismes.
- Atteinte du cément :
Les lésions sont classées dans cette catégorie si elles présentent une invasion du cément par des micro-organismes détectés et par une altération de densité optique des coupes obtenues par usure et abrasion.
- Atteinte dentinaire sans destruction de la dentine intercanaliculaire :
Dans cette catégorie, les lésions présentent une invasion superficielle des canalicules dentinaires par les micro-organismes sans altération de la matrice de dentine intercanaliculaire.
- Atteinte dentinaire avec destruction de la dentine intercanaliculaire :
Cette catégorie correspond à un stade plus avancé, où la lésion est caractérisée par la destruction de la dentine intercanaliculaire.
- Atteinte pulpaire : Ultime étape, la lésion des tissus calcifiés est associée à une inflammation pulpaire, une exposition pulpaire ou encore une nécrose pulpaire.